L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

21.3.10

"Le stroboscope est dans ma tête"


GET WELL SOON + NOAH & THE WHALE
+ MUSEE MECANIQUE
@ L'OLYMPIC, NANTES
18/03/2010

Il y a des affiches comme ça, elles sont tellement belles qu'on voudrait les épouser. Get Well Soon en concert, ça donne déjà très envie, et quand on sait qu'il fait sa tournée avec le groupe américain Musée Mécanique, c'est encore plus tentant. Mais il y a toujours mieux : à Nantes jeudi dernier, la dernière date de l'Allemand coïncidait avec la venue des petits anglais Noah & The Whale dans l'ouest. Trois groupes géniaux sur une seule date : une bonne soirée en perspective.


Enfin, par bonne soirée, on n'entend pas ici nuit de folie où l'on bougera son boule en riant à gorge déployée. Les trois groupes invités ce soir font plutôt dans la folk-pop (ou le folk-rock, ou le pop-rock, ou... mince, nommez-les vous-mêmes) très belle mais souvent triste. Le premier groupe est là pour nous le rappeler. Musée Mécanique sont des américains appelés ainsi d'après un musée de San Francisco (vous en saurez plus quand l'interview sera publiée ici même) aux jolies chansons un rien hantées ("Like Home"), semblant d'un autre âge et toujours très douces. Les morceaux en live ressemblent beaucoup à l'album (Hold This Ghost, sorti en Europe il y a peu, mais qui date de 2008) et ne sont évidement pas d'un très grand dynamisme. Le public n'a pas grand chose d'autre à faire que d'écouter, applaudir leurs efforts pour parler français, remarquer que le grand a de beaux yeux, et observer la façon dont ils multiplient les instruments pour créer un son à part, un bric à brac désuet et poétique. Musée Mécanique est un groupe qu'on préfère écouter tranquillement dans notre chambre pour s'endormir plutôt qu'en début de soirée, debout dans une salle de concert.


Les adorables petits anglais de Noah & The Whale prennent la suite, devant une salle plus remplie. Pour ceux qui ne connaissent pas (il va vite falloir remédier à cette faute de goût), Noah & The Whale ont commencé par un réjouissant petit album de folk qui donnait envie de taper dans les mains (leur tube "Five Years Time" a été septième des charts anglais en 2008) et puis Laura Marling a rompu avec le chanteur, qui a eu le coeur tellement brisé qu'il en a écrit l'album le plus triste de 2009 (The First Days Of Spring). Le concert s'annonçait beau et déprimant.

Durant les quarante minutes de leur set (seulement : c'est ça le problème des soirées avec beaucoup de groupes) ils joueront presque autant du premier disque (au passage, "Five Years Time" en version plus rock, c'est une très bonne idée) que du deuxième ("Blue Skies", "Slow Glass", le magnfique "The First Days Of Spring" en guise de clotûre). Le (très très joli) chanteur à la voix grave a l'air d'avoir réparé son petit coeur brisé (vous en saurez plus dans notre interview bientôt) mais l'émotion ne reste pas moins présente, les beaux passages avec le violon n'arrangeant rien à la chose. Mais parce qu'on doit aimer pleurer apparemment, le concert aura goût de trop peu. Noah & The Whale est vraiment un groupe à voir en live.


A peine le temps de regretter les mignons Londoniens que la tête d'affiche arrive : Get Well Soon, dans la vraie vie Konstantin Gropper, accompagné sur scène de son groupe. L'Allemand livre alors un véritable spectacle. Avec une histoire qui a un début et une fin. Un grand écran au fond de la scène passe en continu des images, une vidéo à l'ambiance différente pour chaque chanson. On trouve en vrac le groupe se prenant des gâteaux à la crème en pleine tronche, des guêpes qui copulent, puis un couple, des montagnes et des forêts en grand nombre, des gens déguisés en singe et faisant du vélo, des enfants tuant au lance pierre des oiseaux, une famille pique-niquant sous l'eau, etc. Des images fascinantes pour nous occuper les yeux tandis que nos oreilles se régalent aussi.

Pour vous faire une idée de la musique de Get Well Soon, on vous conseille vivement son dernier album, Vexations. On peut appeler ça une oeuvre, c'est beau, plein d'arrangements, triste (pour changer), et a un côté très cinématographique. Les morceaux prennent encore plus d'ampleur sur scène et grâce aux films qui passent derrière. Le tout peut passer pour un voyage, le public est transporté dans un autre espace-temps. Konstantin Gropper se révèle être un musicien (magicien ?) très charismatique, et qui en plus parle bien français (il dira même de son drôle d'accent allemand "le stroboscope est dans ma tête", phrase que nous mêmes francophones employons rarement). Au final, l'heure et demie passe sans qu'on s'en aperçoive le moins du monde. Pour le rappel, ils invitent Musée Mécanique, avec qui ils se sont liés d'amitié au fil de la tournée, à venir jouer sur scène avec eux. On pourrait difficilement mieux clore une si bonne soirée.