L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

17.3.11

"On est le groupe des années 10"

L'EP de La Femme est génial, ça on avait pas attendu la bénédiction des Inrocks pour vous en parler. Mais depuis une semaine, on sait aussi que La Femme en live, c'est fou fou fou et terriblement contagieux. Et on en sait encore plus sur le groupe car TEA les a interviewés. La Femme, plus tu la connais et plus tu l'aimes. 


INTERVIEW LA FEMME


De gauche à droite : Sam, Noé, Meghan, Clémence, Marlon et Sacha


TEA : J'suis désolée, j'avais prévu plein de questions mais je les ai oubliées, donc là j'en ai que des un peu nazes.
Noé : Pourquoi ce nom La Femme ?
Marlon : Où vous vous êtes rencontrés ?
TEA : Aha non, quand même pas, faut pas déconner. Lundi dernier c'était la journée de la femme, vous avez fait quelque chose de spécial ?
Marlon : On a fait un concert sur Skype.
TEA : Oui d'ailleurs ça marche comment cette histoire ?
Noé : Ben c'est cool hein.
Marlon : On se dit « Tiens on va faire un concert Skype » et on branche notre compte Skype et les gens nous appellent et puis on skype quoi, on fait une chanson par personne.
Sam: On met ça en statut Facebook, les gens ils peuvent nous ajouter.

TEA : Vous avez vraiment buzzé quand vous étiez en tournée aux Etats-Unis, je suppose que vous étiez pas trop tristes de rentrer ?
Noé : Ben j'sais pas, j'y étais pas.
Sam : Ahahaha.
Sacha : Oui et non.
Marlon : J'sais pas, on était contents de retrouver la France. Justement, ça fait que les gens sont contents de nous voir.
TEA : Vous êtes restés au final combien de temps là-bas ?
Marlon : Trois mois. C'est le maximum quand t'as pas de visa et que t'es touriste.
TEA : Vous avez des anecdotes marrantes de ce qui vous est arrivé là-bas ?
Sam : Oulaaa, y en a plein.
Clémence : Sacha il gagné le concours de hotdogs.
Sam : Sacha il a volé une poubelle.
Clémence : Neuf hotdogs. En combien de temps ?
Sacha : Y avait pas de temps, en une demie heure. C'est dégueulasse.
Sam : Sinon un jour on a pris un train...
Marlon : ...mais on a perdu plein de trucs, de l'argent, des affaires, plein de trucs.
Sacha : Mais on a gagné plein de tee shirts.
Marlon : Ouais les gens nous offraient plein de tee shirts. Parfois des beaux, parfois des moins beaux.
Clémence : Sacha il en a un avec écrit « There is someone in California that loves you », avec plein de coeurs.
Marlon : Et puis on avait pas de chanteuse, elle est pas venue Clémence. On avait notre pote à nous, Pandora, qui est venue chanter, et après on a trouvé Meghan, qui parle pas français mais qui a appris à chanter en français.
TEA : Et vous l'avez ramenée dans vos valises.
Marlon : Ouais, pour quelque temps.


TEA : Et vos paroles, comment vous les écrivez ?
Marlon : Je sais pas, c'est avec la musique, ce qu'on s'imagine, ça vient quoi.
TEA : Vous ne vous dites jamais « Tiens on va écrire une chanson sur ça » ?
Marlon : Si si parfois bien sûr. Genre une fois on a voulu écrire une chanson sur un mec qui savait pas comment se suicider, mais c'était il y a longtemps.

TEA : "Antitaxi !", "Télégraphe"... C'est parce que vous voulez être embauchés par la RATP ?
(rires)
Sam : "Télégraphe" c'est une longue histoire et "Antitaxi !"...
Marlon : C'est une autre histoire ! La RATP ils nous ont pas accepté pour faire le truc dans le métro tu vois. Mais nous on aime bien la RATP, enfin non, on aime pas bien la RATP, mais on aime bien le métro tout court tu vois.
(rires)
Sacha : Genre y a les gens qui prennent le taxi et les autres qui prennent le métro.
Clémence : Le Noctilien ou le taxi...
Marlon : Il faut prendre ça avec du recul et du second degré.
Clémence : Même nous on prend le taxi des fois.
Sacha : Ok t'as tout cassé maintenant. (rires) T'as craché le morceau.

TEA : La presse a tendance à toujours parler de vous comme d'un groupe de Biarritz, pourtant vous ne venez pas tous de là-bas, et en plus vous n'y vivez plus, ça vous énerve pas à force ?
Marlon : Non, moi et Sacha en fait, les fondateurs du groupe, on vient de Biarritz. Moi y a toujours ma famille là-bas, Sacha aussi, sa maison elle est à Biarritz, ça fait que depuis un an et demi qu'il est à Paris.
TEA : C'était pas terrible là-bas pour faire de la musique ?
Marlon : Si mais moi en fait je me suis barré il y a cinq ans parce que mes parents divorçaient et puis j'ai rencontré d'autres gens pour faire de la musique, et quand Sacha est venu, c'est là où on a vraiment commencé le groupe. Et au printemps dernier on s'est mis avec Noé et Clémence et Sam.
TEA : Vous êtes vraiment un jeune groupe du coup.
Marlon : Ouais notre premier concert c'était en mai. Mais c'est aussi parce que c'est un projet qu'on menait depuis longtemps en sous-marin. On savait où on allait. Tout était tracé dans la tête.
Sacha : Mais c'était quand même un peu flou.
Marlon : Ouais c'était un peu flou, mais tout était tracé quand même. (rires) On a arrêté la fac pour faire que ça à fond, c'est ça le délire tu vois.
Noé : C'est peut être un peu pour ça La Femme aussi.
Clémence : C'est la Femme.
Sacha : C'est la résolution du problème.

TEA : Et à votre avis, qu'est ce qui a lancé le buzz autour de vous ?
Sam : Se faire connaître en relançant plein de mails partout, essayer de se faire des contacts à droite à gauche.
Marlon : Ouais c'est ça, c'est juste se bouger le cul et faire des concerts.
Sacha : Et partir aux States ça a accentué le buzz je crois.
Marlon : Nous à la base on est pas des fils de tu vois.
(rires)
Sam : Ahaha ! C'est biiiien !
Marlon : Si c'est ça ! Parce que nous c'est pour ça qu'on s'est barrés, parce que si tu regardes bien à Paris, si tu connais pas les gens ninninnin, et ben t'as pas accès à tout ça. A Paris c'est un autre délire. Faut qu'ils attendent qu'on leur dise que c'est bien. C'est pour ça qu'on s'est barrés parce que sinon tu moisis. Et les gens se sont dit « Aux Etats-Unis ils kiffent, ça doit être bien alors. »
Clémence : Et ça a marché avec les blogs.
Marlon : Pitchfork... Ouais en gros on a découvert Pitchfork y a deux mois parce que tout le monde disait « Ouais Pitchfork c'est dieu ». Moi j'ai su que ça existait les blogs y a six mois quoi.
Clémence : Arrête !
Marlon : Non mais je connaissais les Skyblogs mais... (rires) Je savais pas qu'il y avait tout une interaction quoi, que c'était tout un milieu, la blogosphère.

TEA : Vous pensez déjà à un album ?
Marlon : En fait on veut l'enregistrer en avril et on veut le sortir avant 2012. Mais on sait pas encore si on va s'autoproduire, si on va aller sur un label... On va l'enregistrer en avril si on veut pouvoir le sortir en septembre.
TEA : Et vous avez déjà beaucoup de chansons ?
Sam : En tout ? Une vingtaine j'pense.
Marlon : Mais pour l'album je pense qu'on va en mettre treize ou qu'on va sortir un double album à deux mois d'affilée.
TEA : Et vos autres chansons sont toujours dans cette esthétique assez années 80 avec des paroles en français ?
Marlon : C'est un mix d'années 60 et années 80, et pour être généraliste, toutes les musiques du vingtième siècle tu vois.
TEA : C'est ambitieux.
Sam : On fait la musique qui nous plait quoi.
Sacha : On est le groupe des années 10.
Marlon : C'est ce qu'on a pour projet en tout cas. On veut être un mouvement. (rires)

TEA : Si vous étiez une femme célèbre, qui seriez-vous ?
Marlon : Barbara.
Clémence : Moi, Jeanne Moreau, pour son élégance.
Marlon : Moi Barbara.
Sam : Barbara Gould.
Marlon : Non, Barbara.
Clémence : Catherine Deneuve aussi.
Noé : Moi une femme célèbre heu...
Marlon : Katsuni !
(rires)
TEA : On nous l'a déjà dite celle-là.
Marlon : Ah vous la faites à chaque fois la question ? C'est ta marque de fabrique...
TEA : Oui, mais là ça tombe bien parce que vous vous appelez La Femme.
Marlon et Sacha : Ca rentre dans le contexte.
Marlon : Chips.
Sacha : Nina Hagen elle est cool.
Noé, à Meghan l'américaine : If you want to be a famous girl, what girl do you will be?
Meghan : What? […] Oh, Anaïs Nin.

TEA : Quel est le pire concert que vous ayez joué ?
Sacha : Le pire dans le sens dingue c'était les Combustibles. Les synthés tombaient...
Marlon : C'était notre dernier concert avant de partir aux Etats-Unis.
Clémence : Devant nous il y avait des barrières humaines pour empêcher les gens de nous renverser. Et en fait le sol était peint en rouge, et avec les bières qui sont tombées ça a déteint sur tout le monde.
Sam : Les mecs quand ils sont ressortis ils étaient dégueulasses, mais c'était cool. On a coupé le mulet de Marlon.
Marlon : Ah ouais, j'avais fait un mulet pour déconner, et on avait proposé soit je pars aux Etats-Unis avec le mulet et je reviens trois mois plus tard avec le mulet, soit on le coupait.
Clémence : En fait on a voté pour la coupe du mulet, on l'a coupé en live mèche par mèche et on a jeté les cheveux dans la foule.
Sacha : On a fait « Qui veut le couper ? » et tout le monde a fait « Ouais ! » et après « Qui veut le garder ?» et tout le monde a fait « Ouais ! » aussi. Mais du coup on a pas bataillé on l'a coupé.
Marlon : Mais le pire au niveau mauvaise ambiance c'était l'OPA. Les synthés avec des micros soit disant parce qu'ils pouvaient pas les prendre avec de sorties, excuse moi...
Sam : Même le patron c'est un connard. C'est à blacklister.
Sacha : Et aussi à New York ! Y avait genre dix personnes tu vois.
Marlon : Et puis genre fallait qu'on paye pour avoir des bières.
Sacha : Ca c'est downtown. Et puis j'ai pris des décharges avec ma guitare, parce qu'elle était abimée.
Marlon : D'ailleurs t'en as pas eu aujourd'hui ?
Sacha : Non.
Clémence : Il dit qu'il ressent des trucs quand même. On croit qu'il danse mais en fait c'est pas un effet de style (rires)
Sacha : C'est rock ! (rires)

TEA : Pour finir, vous n'auriez pas des blagues de merde à raconter ?
Marlon : Ah j'en ai une, j'en ai une ! Ah non j'en ai deux. La première c'est :
Que fait un communiste quand il plonge dans la mer rouge ? … Il fait plouf !
Et l'autre c'est : Qu'elle est la différence entre l'heure, le docteur, et la famille ? … L'heure, c'est l'heure, le docteur est docte heure...
(rires des autres)
TEA : Et la famille ?
Marlon : Ca va, ça va.
(rires)
Noé : J'en ai une mais elle est pas drôle.
Clémence : Mais c'est le principe !
Noé : C'est un aveugle, il marche dans la rue, il est un peu perdu, il sait pas où il va, il se cogne un peu partout, et il tombe sur un mur en crépis, il touche et fait « Oh ! Ils ont encore écrit n'importe quoi ! »
(rires)
Marlon : Des blagues de merde on en a plein. Et aussi on voulait appeler notre album Pitchfork à un moment.
Sacha : Ou Rubrique, et la photo ce serait un mec qui range des livres. Tous les délires sont possibles. Faut trouver un concept pour chaque truc.
Noé : Mais tu sais le concept c'est avant tout quelque chose d'abstrait. (rires)
Sam : Mais tout est relatif.